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Les Gradins 

  • Photo du rédacteurLES GRADINS

Maman et championne et si c’était possible...

Dernière mise à jour : 2 août


" Le moment le plus compliqué pour moi n’a pas été de gérer la grossesse et le sport mais plutôt l’arrivée d’un enfant dans une vie sportive" dixit Marie Dorin Habert. Concilier vie sportive et maternité reste un défi que beaucoup de sportives de haut niveau sont confrontées quotidiennement. En effet, malgré une visibilité grandissante et une féminisation de plus en plus accrue du sport par le biais des fédérations, la question de la maternité reste un sujet tabou dans le milieu sportif. Ainsi, si l’on en croit au rapport Sport de haut niveau et maternité, c’est possible (Ministère chargé des Sports, 2021), la plupart des interrogées déclarent que la maternité est un sujet dont " on ne parle pas 46% " ou dont on ne parle " parfois "44% dans le milieu du sport". Ainsi, face à ce mutisme, la plupart des athlètes se trouvent dans un dilemme et se sentent obliger de choisir entre leur carrière et la maternité. "Vous aviez le choix : soit remettre à plus tard la naissance, soit attendre d’avoir fini de concourir, Quand j’ai commencé, la plupart des femmes attendaient". expliquait la joueuse américaine de Beach-volley et trois fois médaillée d’or olympique, Kerri Walsh Jennings, dans le Washington Post du 21 juillet 2021. A ce jour, les athlètes de haut niveau sont toujours réticentes voire effrayées à l’idée d’être mère durant leur carrière sportive comme l’affirme, Cléopatre Darleux, la gardienne de but du Brest Handball et de l’équipe de France "Lorsque j’ai annoncé être enceinte, j’avais la boule au ventre parce que je n’avais prévenu personne. (…) Je ne savais pas si j’allais pouvoir continuer à m’entraîner ou même si j’allais pouvoir revenir." Ainsi, cette peur nous pousse à nous interroger si le sport de haut niveau est-il compatible avec la maternité ? De quoi ces athlètes ont-elles réellement peur ?

Malgré peu d’étude à l’heure actuelle sur la maternité des sportives de haut niveau, la question est toujours d’actualité dans le milieu du sport. Et aujourd’hui, une chose est certaine, la plupart des athlètes n’osent pas franchir le pas durant leur carrière, car elles pensent qu’un tel projet est irréalisable. En effet, selon le même rapport Sport haut niveau et maternité, 62 % des femmes interrogées déclarent qu’avoir un enfant durant leur carrière sportive n’est pas un projet réalisable. En atteste, une enquête du syndicat des joueurs (Fifpro) en 2017. Sur 3.500 joueuses interrogées, seules 2% d'entre elles avaient un enfant, un chiffre qui fait froid au dos. Dans le cas de l’équipe nationale féminine française de football par exemple, Amel Majri, est la seule joueuse des bleues en activité à être maman . C’est pour dire que cette transition importante dans leur carrière revêt une décision difficile à prendre malgré leur désir de fonder une famille et de partager avec le conjoint. En réalité, opter pour la maternité est pour beaucoup d’entre elles, synonyme de fin de carrière ou d’éloignement du sport. Si on se réfère à Coralie Ducher " A mon époque, on était loin de se poser ces questions-là. Beaucoup de joueuses, quand on parlait de maternité, expliquaient qu'elles voulaient attendre leur fin de carrière, vers 30 ans pour fonder une famille. On n'évoquait même pas la possibilité de reprendre sa carrière après une naissance ".

Mais la maternité est-elle réellement compatible avec le sport ? "La grossesse ne doit pas être perçue comme quelque chose d’impossible pour des sportives de haut niveau, contrairement à des idées reçues. Si, c’est possible ! Il y a beaucoup d’idées préconçues mais ce n’est pas une maladie d’être enceinte." En d'autres termes, la réponse est affirmative et pour preuve les mères athlètes de haut niveau sont de plus en plus nombreuses depuis deux décennies. Petit à petit, le tabou se lève, et les sportives considèrent de plus en plus la grossesse comme une partie de leur plan de carrière et non plus comme une contrainte. Elles sont parvenues à redéfinir les normes et les idées reçues et ne cessent de nous surprendre en renouant d’ailleurs plus vite que prévue avec la compétition après l’accouchement. Par conséquent, les histoires de belles réussites se multiplient comme pour dire que la maternité et le sport de haut niveau ne sont pas une équation impossible. De ce fait, compétitions après compétitions, des sportives continuent de nous prouver que ce projet est bel et bien réalisable. A cet effet, selon Statistique Olympedia, 22 femmes enceintes participantes aux Jeux Olympique de 2012 ont été répertoriées. Parmi elles, la tireuse malaisienne Nur Suryani Mohd Taibi, enceinte de huit mois. Allier Sport de Haut Niveau (SHN) et maternité est plus que faisable et ce ne sont pas les Américains qui me diront le contraire. Serena Williams, (2017), Allyson Felix(2018), Alex Morgan (2020), Crystal Dunn (2021) pour ne citer que cela. Toutes des athlètes de haut niveau sont devenues mamans sans que leurs carrières et leurs performances ne soient remises en question. Mais comme toujours, les dirigeants du pays de l’oncle Sam ont été parmi les précurseurs et mieux encore, ils ont une longueur d’avance en la matière avec la mise en place d'un congé maternité avec le maintien du salaire d'une durée de huit semaines, soit six de moins que ce que prévoit de faire le championnat anglais.

De surcrt, selon plusieurs sportives devenues mères, la maternité était un soulagement pour elles, dont les bénéfices participent grandement à améliorer leurs performances. Car, cette étape de leur vie les a permis de trouver un juste équilibre entre vie professionnelle et personnelle, d’être plus sereines, épanouies et fortes physiquement et psychologiquement.

Par ailleurs, si on s'intéresse de près à la France, elle est loin derrière des pays comme les Etats Unis ou la Grande Bretagne. Cependant, force est de constater que des progrès ont été réalisés ces dernières années, mais ils restent encore insuffisants. Parmi ses avancées notoires, nous pouvons citer l’exemple du handball qui est le premier sport féminin français à avoir ratifié un accord collectif sécurisant la maternité des joueuses de haut niveau en 2021 avec maintien de salaire d’un an. Il sera suivi par le volleyball et le basket. Quant à la FFF, elle est parmi les dernières de la classe en la matière. Et pourtant, la FIFA a imposé aux fédérations un congé maternité avec un soutien médical pour la réintégration des nouvelles mamans, mais la signature se fait toujours attendre du côté de l’Hexagone, hélas !

En outre, même si la partie est loin d’être gagnée et que le sentier est encore long, des voix continuent à se lever pour un changement plus visible. En atteste, la première conférence de presse du nouveau sélectionneur des Bleues Herve Renard "C'est indispensable de donner une structure aux joueuses qui ont des enfants en bas âge, a-t-il avancé. Il poursuit "elle a une petite fille de 9 mois, il est difficile pour une maman de laisser son enfant à très jeune à la maison, même si c'est son métier". Coup de communication ou vraie révolution ? Ce qui est sûr, cette sortie a remis le sujet sur la scène médiatique mine de rien et tant mieux. En parallèle, des appels en action se multiplient, parmi ceux-ci nous avons la subvention lancée par Alyson Felix, la marque de sport Athleta et l'association Women's Sports Foundation, qui vient en aide aux sportives professionnelles. Cette aide financière permet notamment de couvrir une partie les frais de garde d'enfants.

Cependant, la réussite de cette « révolution » nécessite une prise de conscience collective du monde du sport, mais également demande plus d’organisation et d’accompagnement non seulement des athlètes mais également les structures en question. La meilleure démarche serait de voir la situation dans une approche globale que de manière ciblée. Toutefois, un tel projet requiert également dans sa réflexion de prendre en considération les peurs de ces athlètes qui sont légitimes et qui constituent un réel frein pour la maternité et la racine du problème. Parmi ses craintes, il y a la peur de la reprise, les changements physiques ou physiologiques notés pendant et après l’accouchement, le manque d’organisation, d’accompagnement approprié et la perte ou une réduction des revenus entres autres. En effet, la parturition revêt un double poids pour ses athlètes : social et financier. Il peut aller de la marginalisation à la réduction ou à la perte totale des revenus, donc un manque à gagner énorme. Ce fut le cas de la française, Clarisse Crémer qui s’est vue remplacer pour les qualifications du Vendée des Globe 2024 pour cause de maternité par la Banque Populaire. Un autre exemple en outre Atlantique, la sextuple championne olympique Allyson Felix faisait face au même problème avec son équipementier Nike, "Si nous avons des enfants, nous risquons des coupes de nos revenus de la part de nos sponsors durant la grossesse et par la suite. (...) Donc, ce qui s'était passé en athlétisme, c'était que les femmes qui tombaient enceintes étaient soit réduites à ne gagner aucun salaire et être exclues du sport, soit à cacher leur grossesse afin d'obtenir un nouveau contrat." affirme-t-elle.


En définitive, la question de la maternité reste un sujet épineux dans le milieu du sport. Aujourd’hui, sa compatibilité avec le sport de haut continue toujours à se poser pour certains . Ainsi, comme élucider ci-haut, nous avons essayer de donner quelques éléments de réponse sur l’adéquation entre les deux. A cet effet, pour étayer nos propos, plusieurs exemples d’athlètes d’élite en grossesse ou post-partum qui allient une carrière à succès avec l’arrivée ou en cours d’un enfant ont été donnés. Pour dire qu’un tel projet n’est pas irréalisable. Et Cerise sur le gâteau, pour la majorité d’entre elles, cet évènement bienheureux a considérablement contribué à améliorer leur performance sportive et a joué un rôle prépondérant dans leur épanouissement et équilibre personnel.

Cependant, le sentier de la normalisation et uniformisation de la maternité chez les sportives de haut niveau est encore long avec son lot d’obstacles aussi divers que varié, même si des améliorations sont notées ici et là. Néanmoins, il reste beaucoup à faire. Tout de même, l’espoir est permis.

A cet effet, et si le développement du sport féminin passé par une meilleure considération des besoins spécifiques chez les sportives?

Bakary Cissé

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