Faut-il dire une « personne handicapée »? une personne en situation de handicap ? Qu’est-ce que le handicap d'ailleurs ? En effet, les définitions sont nombreuses, car cette notion est polysémique. A l’heure actuelle, Il n’y a pas une définition unanime comme le souligne Romuald Bodin dans Institution du handicap : «les définitions de ce terme (handicap), qu’elles soient communes ou savantes, sont diverses et parfois contradictoires ». En revanche, les mots «handicap» et «handicapé» sont quasi présents dans notre langage du quotidien, à bien des égards. Ainsi, si l'on se réfère à la définition de la loi française , « constitue un handicap, toute limitation d’activité ou restriction de participation en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive, d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales cognitives ou psychiques d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant » Si sa définition ne fait pas l’unanimité, l’inclusion sociale et économique des personnes en situation de handicap quant à elle prend de plus en plus de l’ampleur dans les sphères politiques. En atteste, la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, adoptée par les Nations Unies et ratifiée par plus de 100 pays dans le monde. Par le fait, depuis des décennies, l’intégration, l’inclusion et l’autonomie des personnes en situation de handicap sont des objectifs clairement affichés par plusieurs Etats. Dans cette optique, la France n’est pas en reste dans cette mobilisation collective pour la prise en charge de cette question. En effet, depuis le début du 21e siècle, elle s’est dotée d’un panel législatif en faveur des Personnes en Situation de Handicap. La Loi de février 2005, pour l’égalité des droits et des chances des personnes dites handicapées en est une preuve patente des ambitions françaises en vue de changer la donne. En réalité, celle-ci a comme objectif entre autres de régler le problème d’accessibilité universelle plus particulièrement dans les domaines de la culture, des sports, des loisirs et du tourisme. Par conséquent, depuis la promulgation de cette loi, les objectifs définis en amont sont loin d’être atteints. Malgré la volonté affichée, les conditions des personnes en situation de handicap restent préoccupantes et la pandémie n’a fait qu'aggraver la situation. Accès aux sports difficiles pour les Personnes en Situation de Handicap(PSH) L’inclusion des PSH est loin d’être une grande réussite, car l’accès à la citoyenneté et à la vie sociale, c’est-à-dire aux loisirs, à la culture et surtout aux activités sportives reste un luxe. En fait, l’accès à un sport n’est pas une chose évidente pour les personnes en situation de handicap en France. Pour cause, la pratique sportive n’est pas réellement inscrite dans leur projet de vie . En attendant, plus de quatre millions de personnes en situation de handicap de moins de 60 ans vivent en France et 70 % d'entre elles se disent intéressées par le sport selon une étude de l'institut TNS Sofres à l’initiative de la Fondation d’entreprise FDJ . Mieux encore, leur niveau de motivation pour la pratique d'une activité physique est comparable au public dit "valide". Et pourtant, il y a moins d'une personne en situation de handicap sur deux (47 %) qui pratiquent une activité sportive régulière(Etude TNS Sofres), le constat est alarmant, quel contraste ! A un an des Jeux Olympiques et paralympiques 2024, la question est toujours d’actualité, car la France a comme ambition voire même engagement parmi tant d’autres de relever le défi de laisser un héritage social pérenne, à travers des jeux inclusifs et accessibles. Pour ce faire, accélérer l’inclusion sociale des PSH doit figurer en première ligne et le sport a grandement sa partition à jouer, mais on est encore loin du compte.
Des infrastructures sportives souvent pas adaptées aux différentes situations de handicap En outre, ces chiffres cités ci-haut et qui font froid au dos, trouvent en partie leur réponse dans la problématique d’accès à une structure de proximité, qui est un combat pas encore gagné pour les PSH. en effet, l’accessibilité universelle n’est pas totalement une réalité, et pourtant, elle est un enjeu crucial, car pouvant garantir à chaque individu valide ou porteur d’un handicap la possibilité de comprendre un espace et de s’y interagir. A ce titre, les équipements sportifs doivent être plus accessibles et fonctionnels pour la pratique du Parasport. A ces fins, il faut tenir en compte des différentes situation, car il y’a autant d’attentes que de handicap pour aller dans le sens de l’ancien adjoint au chef du bureau des équipements sportifs du ministère des sports, Bernard Verneau « il y autant de forme d’accessibilité que de types de handicap » en s’exprimant ainsi, il nous interpelle sur les besoins spécifiques et les attentes propres à chaque situation de handicap.
Le coût des matériels, un frein à la pratique sportive. Cependant, le problème d’accès aux activités physiques ne se limite pas uniquement à l’accessibilité et l’absence de sports adaptés, la question financière reste également un grand frein. En réalité, la question épineuse des matériels est un grand obstacle à la pratique du sport chez les PSH avec ses coûts exorbitants. En fait, que ce soit en loisir ou en compétition, les personnes en situation de handicap, ont besoin de matériels adéquats et adaptés dans leur activités sportives. Etant donné qu'ils participent mine de rien de manière considérable au confort dans l’accomplissement des gestes sportifs, à la sécurité du pratiquant et contribue également au plaisir de pratiquer. Néanmoins, le choix de ces matériels ne va pas de soi, car il faut tenir en compte avant l’achat, de plusieurs aspects, à savoir : la pathologie, la morphologie, la discipline, l’intensité de la pratique pour ne citer que cela. Et par conséquent, l'acquisition de tels matériels nécessite un investissement considérable, car les prix varient selon les équipements, les pathologies mais également des options et du sport. Mais au-delà de ce prix d’acquisition non négligeable, il y a une autre dépense moins évidente mais tout aussi importante qu’est l’entretien du matériel. Ce dernier, parfois oublié dans la prévision, est primordial pour garder l'équipement dans un bon état afin de prolonger sa durée de vie. En revanche, face à cet investissement colossal, il existe heureusement des moyens de financer l’achat de tels matériels pour la pratique sportive. Parmi ceux-ci nous avons les subventions régionales auprès du comité d’handisport, l’Agence Nationale du Sport avec son enveloppe équipement réservée aux matériels lourds, les aides et financement privés à travers les fondations, les entreprises… Il est à noter qu' il peut y avoir une réduction de 5,5% de la TVA pour l'achat des matériels. Toutefois, tous les matériels ne sont pas concernés pour en savoir plus: lien
L’autocensure, quand les PSH s’excluent eux même Au delà du problème d'accessibilité et de la pression financière asphyxiante, l’autocensure reste l’une des entraves à la pratique physique et sportive des PSH. En effet, elle s’explique d'abord par le poids du regard des autres, si on sait que dans nos sociétés vivre avec un handicap a longtemps été synonyme d’isolement voire de marginalisation. Par conséquent , elles( Personnes en Situation de Handicap) ne se voient pratiquer certaines activités sportives, car s'estimant pas être faites pour elles. Pire, elles pensent que ces activités sont l'apanage des "valides". A cela s’ajoute , l’accès limité aux informations, ressources et offres adaptées qui constitue également un obstacle majeur.
Le sport comme un lien d’inclusion sociale Malgré les différents problèmes élucidés ci-haut liés à la pratique sportive des personnes en situation de handicap, le sport reste un véritable levier d'intégration sociale et d'émancipation. Il est notoriété publique qu'il peut avoir un impact positif sur la vie des personnes en situation de handicap mais également contribuer au renforcement de la cohésion sociale. Pour preuve, au cours des deux dernières décennies, des études scientifiques sur les personnes atteintes de handicap ont montré que la pratique sportive conduit à une nette amélioration de la qualité de vie , de la santé physique et du bien-être en luttant contre la sédentarité et prévenir des maladies telles que le diabète, l’hypertension, l’obésité… A cela s'ajoute, le gain de la confiance et de l’estime de soi, de la conscience sociale entre autres bienfaits. Tout cet ensemble contribue grandement à l’autonomisation des personnes en situation handicap et leur réadaptation dans la société qui contribuent considérablement à la construction d’une identité nationale. Car la pratique sportive favorise aussi les échanges entre pairs et "valides" et de découverte de nouveaux centres d'intérêts ce qui est peut être une aubaine pour le mieux vivre ensemble.
Par ailleurs, pour un meilleur accompagnement des Personnes en Situation de Handicap dans leur pratique sportive et leur inclusion sociale, nous proposons ces quelques pistes de réflexion :
Une politique publique plus adaptée et plus audacieuse
Investissement massif sur les équipements sportifs pour favoriser le parasport
Sensibiliser le grand public sur le handicap
L’octroi de subventions pour l’acquisition des matériels sportifs
Accompagner les acteurs médico-sociaux pour une meilleure offre de pratique sportive
Répondre aux besoins d'accompagnement
Promouvoir la pratique de proximité
Promouvoir le parasport auprès du grand public
La création d’opportunités sportives pour les personnes en situation de handicap.
Et si les Jeux olympiques et paralympiques, étaient l'occasion inouïe pour favoriser l'inclusion à travers le sport et faire évoluer la conscience collective à propos du handicap.
Bakary Cissé
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